Somos : chronique humaine d’un massacre mexicain

Inspirée de faits réels rapportés par de nombreux témoignages oraux, la série mexicaine « Somos » revient sur le massacre perpétré par un cartel de la drogue dans le petit village d’Allende en 2011.

« Somos » (Nous sommes, en français) revient sur l’un des nombreux faits divers sanglants qui alimentent régulièrement les journaux d’informations mexicains. Nous sommes en 2011, dans le petit village d’Allende, proche de la frontière avec le Texas. C’est là que sont installés les frères Treviño, dirigeants du cartel des Zetas. Trahis par deux des leurs qui ont communiqué des informations à la DEA (l’agence américaine de lutte contre les cartels), les trafiquants vont alors enlever et tuer toute personne soupçonnée de trahison. Le massacre perpétré ne fait aucune distinction de sexe ou d’âge parmi les victimes.

Créée par James Schamus, « Somos » pourrait être un énième thriller gravitant autour d’un cartel de trafiquants, mais la série fait le choix de se focaliser sur les victimes. Passée une brève séquence d’introduction montrant le dénouement tragique, les six épisodes reviennent alors sur les trois mois qui ont précédé. On y découvre le quotidien de ces habitants. Il y a là des lycéens avec les préoccupations de leur âge, un vieux propriétaire de ranch old school qui refuse de céder aux intimidations des gangs, le fonctionnaire droit dans ses bottes de pompiers, les prostituées du bordel local, ou encore la vieille marchande de hot dogs qui fait ce qu’elle peut pour sa fille et son gendre. Le rythme est plutôt lent, la tension va crescendo, et malgré la dureté du final, violence et mort sont filmées à distance ou hors-champ.

Réalisée par Alvaro Curiel et Mariana Chenillo, la série s’appuie largement sur un casting amateur, renforçant ainsi la priorité donnée au côté « humain » de la série. On notera les excellentes performances de Jimena Pagaza (Nancy, une jeune lycéenne pleine d’entrain), de Jesus Sida (Paquito, un jeune homme un peu simplet et touchant), de Natalia Martinez (Aracely, l’épouse de Paquito), ou encore Mercedes Hernandez (la mère d’Aracely, vendeuse ambulante qui voit et entend tout).

Certains regretteront peut-être la faible importance donnée à l’origine du massacre : la mauvaise décision d’un fonctionnaire de la DEA, qui va entraîner de terribles représailles. Mais on le répète, « Somos » se concentre avant tout sur les victimes. On sait dès le départ que cela va finir de façon tragique, ne reste alors plus qu’à espérer que tel ou tel personnage soit épargné…

« Somos« , saison 1 de 6 épisodes, disponible sur Netflix.

Credit photos (c) Netflix.

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