Bird Box : thriller post-apocalyptique qui manque de peps
Le fait que Bird Box ait bénéficié d’une sortie (limitée) en salles avant sa mise en ligne témoigne de la confiance que Netflix lui accorde, et c’est plutôt de bon augure pour le spectateur. Ajoutez à cela une réalisatrice (Suzanne Bier), deux têtes d’affiche (Sandra Bullock et John Malkovich), tous trois Oscarisés, et une bande-annonce sacrément accrocheuse, et l’on se dit que Bird Box a tous les atouts pour ne pas décevoir. Alors qu’en est-il de ce survival post-apocalyptique ? Verdict sans spoilers.
Le film s’ouvre sur Malorie (Bullock) qui s’apprête à entamer une descente de rivière des plus périlleuses et qui intime l’ordre, de façon plutôt sèche et directe, à deux enfants de ne surtout pas enlever le bandeau qu’ils ont sur les yeux. Le retirer entraînera leur mort de façon irrémédiable. Les voilà fixés. Si le film reviendra régulièrement nous montrer comment se passe cette descente, la majorité des scènes de Bird Box se déroule cinq ans avant, lorsque tout a commencé. On y découvre une Malorie enceinte, et pas franchement emballée par sa nouvelle « condition ». En Europe, une force mystérieuse et invisible pousse la population au suicide, et sème le chaos. Et ces mystérieuses « créatures » arrivent désormais en Amérique. Les gens se jettent soudainement sous un bus ou se tirent une balle dans la tête, sans raison. Malorie parvient à échapper au chaos général en trouvant refuge dans une maison avec une petite poignée de personnes, dont Tom (Trevante Rhodes) et Douglas (John Malkovich). Et tous ont compris une chose : il faut garder les yeux fermés pour survivre. Le film va alors nous conter ces cinq années qui précèdent la scène d’ouverture décrite plus haut. Le mystère est savamment entretenu tout au long du film, et il faut attendre la dernière demi-heure (sur les deux heures que dure Bird Box) pour comprendre comment et pourquoi Malorie s’est retrouvée seule avec deux enfants à vouloir descendre une rivière les yeux bandés.
Ce point d’interrogation constitue l’une des forces principales du film. Qu’est-il advenu de ses compagnons de fortune au fil de ces cinq années ? On le découvre peu à peu, en même temps que l’on sent poindre la principale faiblesse du film : Bird Box n’est ni haletant, ni effrayant. La bande-annonce laissait supposer autre chose, une tension qui tiendrait le spectateur en alerte permanente. Ce n’est pas le cas. Bien sûr, certaines scènes ont le mérite de créer une atmosphère tendue et (un peu) angoissante, mais ne vous attendez pas à sursauter. Bird Box n’est définitivement pas un film d’horreur. Et l’on a presque envie de dire dommage ! Car la réalisation est soignée et maîtrisée, la photographie est superbe, et le casting impeccable. Sandra Bullock livre une prestation convaincante et irréprochable de bout en bout, et la réussite du film repose en grande partie sur ses épaules. Malkovich est excellent dans le rôle de celui qui n’a qu’une seule priorité, à savoir lui-même ! Tout comme Trevante Rhodes dont le calme et la sagesse sont tout ce dont à besoin le personnage de Bullock. Alors oui vraiment, pour toutes ces raisons, on a envie de dire dommage.
Au final, Bird Box n’est pas un mauvais film, loin de là. Il lui manque simplement cette tension, cette peur ou angoisse sous-jacente, indispensable à ce genre de film. Et si l’on pardonne aisément le côté invraisemblable de certaines situations, le final apparaît quelque peu décevant. Certains seraient tentés de dire : tout ça pour ça. Reste quoi qu’il en soit, une Sandra Bullock épatante, qui mérite que l’on garde les yeux ouverts pour elle, jusqu’au bout du film.
Bird Box, disponible sur Netflix à partir du 21 décembre.
Credit photos (c) Netflix.
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