Lost Girls, un true crime très dark et captivant
Si la période actuelle n’incite guère aux réjouissances, ce n’est pas avec Lost Girls que le moral de certains risque de s’améliorer. Le dernier film Netflix dans le genre true crime est d’une noirceur absolue, et c’est ce qui en fait toute sa beauté.
Réalisé par Liz Garbus, Lost Girls s’inspire du fait réel de 2010 connu de l’autre côté de l’atlantique sous le nom de l’affaire du serial killer de Long Island. Lorsque Shannan Gilbert disparaît une nuit dans un lotissement privé loin de son domicile, la police ne semble vouloir prêter aucune attention à son cas. Mais tout le courage et la détermination de sa mère Mari (Amy Ryan) vont conduire les enquêteurs à une découverte macabre: les corps de plusieurs jeunes femmes prostituées, certains démembrés, sont retrouvés dans le même périmètre, ne laissant aucun doute sur la présence d’un tueur en série.
Jusque là, Lost Girls présente un air de déjà-vu, mais va très rapidement se démarquer des films où le but est de découvrir le tueur et les preuves qui l’accompagnent. Le projecteur est directement braqué sur cette mère célibataire, enchaînant deux boulots dans une petite ville de l’Etat de New York, pour tenter d’élever au mieux ses deux plus jeunes filles. Mari n’est pas parfaite, elle a abandonné sa première fille Shannan, dont elle va peu à peu découvrir le quotidien après sa disparition. Mais une mère reste une mère, et rien ne l’empêchera de remuer ciel et terre pour tenter de la retrouver. Et surtout pas l’inaction de la police locale. Et c’est ici que le deuxième projecteur du film se pose. Sur la colère de cette femme, qui parce que c’est une femme, qu’elle n’est pas riche, et que sa fille disparue n’est qu’une prostituée de plus, n’obtient aucune attention de la part des enquêteurs. Rappelons que les faits rapportés ici ne se situent pas dans les années 60 mais bel et bien hier, en 2010.
Avec un combat qui rappelle bien évidemment celui de Frances McDormand dans Three Billboards Outside Ebbing, Missouri, Lost Girls tire sa réussite de l’interprétation magistrale de Amy Ryan dans le rôle de cette mère bien décidée à ce que les victimes ne soient jamais oubliées. A ses côtés, Thomasin McKenzie (Leave No Trace, ou l’excellent Jojo Rabbit) est une fois de plus parfaite. La jeune fille découvre au fil des événements la vraie vie de sa soeur disparue, ainsi que son passé jusque là tenu secret par sa mère. Ajoutez à cela la plus jeune des soeurs interprétée par Oona Laurence (Bad Moms), la présence de la toujours parfaite Lola Kirke, et celle de Gabriel Byrne dans la peau de l’enquêteur en chef, et Lost Girls s’offre un casting de premier choix.
Présenté dans un style qui frise le documentaire, Lost Girls est un drama captivant dans une ambiance très dark. Dans les deux sens du terme. Sur le fond bien évidemment, mais aussi avec cette photographie très froide où les tons bleus/verts renforcent le côté crépusculaire du métrage. Et dark enfin, dans le sens le plus littéral du mot, où l’on regrettera peut-être le trop grand nombre de scènes tournées dans l’obscurité, avec un rendu presque illisible.
Lost Girls, disponible sur Netflix depuis le 13 mars.
Credit photos (c) Netflix.