Robin des Bois, Prince des nanars 2018 !
Autant vous prévenir tout de suite, si vous appartenez à la génération de cinéphiles qui, 30 ans après, vénère toujours autant le Robin des Bois, Prince des Voleurs avec Kevin Costner, cette nouvelle adaptation réalisée par Otto Bathurst risque de vous laisser pantois. Si l’histoire est connue de tous, et reste la même, pour le reste, on se demande parfois ce qu’on est entrain de regarder.
Sur le fond, rien d’extraordinaire. Robin (Taron Egerton) rentre de croisade avec « l’infidèle » Petit Jean (Jamie Foxx) dans ses bagages, et le duo va piller le trésor accumulé par le vilain Shérif de Nottingham (Ben Mendelsohn). En revanche, sur la forme, la liste des doléances s’allonge très vite. Les décors en carton pâte font clairement « studio », et la bourgade médiévale de Nottingham ressemble plus à la Cité Interdite ou à Shanghai. Les costumes ? Quelqu’un quelque part à dû oublier que Robin des Bois se déroulait au XIIIème siècle. Des beaux manteaux de cuir aux tuniques parfaitement coupées et repassées, tout paraît sortir de chez un grand couturier de l’avenue Montaigne à la veille d’un défilé. Une soirée organisée par le Shérif ? Pas de problème, on joue à la roulette et le spectateur croit soudain regarder Casino. Et lorsque Petit Jean décide de parfaire les aptitudes de Robin, on se croit cette fois-ci dans Rocky ou dans un entraînement de Navy Seals. Bref, tout est à peu près mauvais, et le spectateur de se demander si tout cela n’est finalement pas voulu. Robin des Bois version 2018 ne serait qu’un nanar assumé, genre de parodie comique destinée uniquement à divertir.
En réalité, le gros défaut de cette nouvelle adaptation est de l’avoir transformée en blockbuster action hollywoodien. Si le film de 1991 (cité plus haut) avait une authenticité qui fit son charme et son succès, ici ce n’est pas le cas. Des scènes d’action saccadées au montage qui font que vous ne voyez plus vraiment qui se bat contre qui. Et la romance dans tout ça ? Elle ne vaut pas mieux que le reste. Lorsque Robin est à l’agonie, il lui suffit de fermer les yeux et la douce Marianne apparaît avec une mièvrerie risible. Pour un peu le spectateur entendrait deux jeunes adolescentes pré pubères glousser naïvement en regardant leur premier porno. C’est toutefois du côté de la Belle Marianne (Eve Hewson) que l’on trouve la seule consolation du film. L’actrice irlandaise délivre une prestation de bonne facture, comparable à celle de Mary Elizabeth Mastrantonio en 1991. Pour le reste, sans vouloir forcer la comparaison, Egerton n’est pas Costner, Foxx n’est pas Freeman, et Mendelsohn n’est assurément pas le regretté Alan Rickman. Le Shérif version 2018 frôle le ridicule du début à la fin.
En résumé, ce Robin des Bois n’aura comme seul mérite que de nous avoir bien fait rire. Ce n’était probablement pas le but recherché initialement, mais c’est tout ce que nous en retiendrons.
Robin des Bois, en salles le 28 novembre 2018.
Credit photos (c) Studiocanal GmbH / Attila Szvacsek et Larry Horricks.