Dans un pays qui n’existe plus : joli récit d’apprentissage dans le Berlin-Est des 80’s

Disponible sur arte.tv, « Dans un pays qui n’existe plus » nous plonge dans la culture underground de Berlin-Est, quelques mois avant la chute du mur, pour un récit d’apprentissage sur fond de liberté.

Synopsis : « En RDA, à l’été 1989, une jeune « antisociale » assignée à l’usine découvre la liberté dans le milieu de la mode underground. Ce film en partie autobiographique ressuscite une histoire vibrante, oubliée après la réunification. » (c) Arte.

À Berlin-Est, alors qu’elle a hâte de réussir son bac pour étudier la littérature à l’université, Suzie est renvoyée du lycée pour avoir arboré un insigne pacifiste et été trouvée en possession d’un livre interdit : 1984, de George Orwell. Privée d’études et assignée à un travail d’ouvrière dans la câblerie Oberspree, où elle est sommée de démontrer sa repentance par son ardeur à construire le socialisme, Suzie voit bifurquer ce destin qui l’accable par le hasard d’une photo prise d’elle dans le tramway, au petit matin, par un autre « sujet antisocial », un photographe surnommé Coyote qui gravite dans le milieu de la mode. Publié dans Sybille, le « Vogue » est-allemand, ce portrait lui ouvre les portes du journal et surtout, de la marque d’État Exquisit, qui entend rivaliser avec la haute couture occidentale. Grâce à Rudi, un styliste gay extravagant et subversif qui lui apprend les rudiments du métier, elle s’immerge avec ravissement dans la contre-culture vibrante de l’underground est-berlinois, où elle recroise Coyote, aussi séduisant que séduit…

Mannequin d’État
« Si tu ne sais pas être libre partout, tu ne seras libre nulle part », assène Rudi à Suzie, qui vient de comprendre qu’il lui faudra accepter de trahir ses nouveaux amis pour faire carrière, et envisage de fuir à l’Ouest – le Mur ne va tomber que quelques mois plus tard, mais certains Allemands de l’Est parviennent déjà à s’enfuir par la Hongrie… Comme son héroïne et pour le même motif, la réalisatrice Aelrun Goette a dû renoncer à 16 ans à poursuivre des études. Alors qu’elle était parvenue à quitter l’usine pour devenir infirmière, elle a posé pour Sybille et l’État l’a autorisée à travailler comme mannequin, ce qui lui a ouvert des horizons insoupçonnés. Au-delà de cette dimension largement autobiographique, c’est le foisonnement créatif, l’audace et la chaleur du Berlin de l’époque et l’histoire étonnante de cette mode made in RDA, oubliés après la réunification, qu’elle a voulu faire revivre. Décors, modèles et musiques ont été retrouvés ou reconstitués avec un soin minutieux, et certains personnages (comme Rudi, alias Frank Schäfer, qui tient aujourd’hui le plus couru des salons de coiffure berlinois) sont directement inspirés des figures qu’elle a côtoyées alors. Un joli roman d’apprentissage, porté avec justesse par des interprètes au diapason. » (c) Arte.

Cette présentation du film signée Arte suffit à résumer ce long-métrage écrit et réalisé par Aelrun Goette. Les amateurs d’histoire contemporaine, les amoureux de Berlin, et les nostalgiques de l’underground berlinois des années 80, y trouveront tous leur bonheur. Un récit d’apprentissage pour la jeune Suzie qui voit son rêve d’étudier partir en fumée en un instant. Un régime politique qui n’a plus que trois mois à vivre, et une envie de liberté de plus en plus grandissante se mêlent savamment dans une reconstitution historique de toute beauté. Le casting est tout aussi convaincant, à commencer par la jeune Marlene Burow, superbe de charme et de justesse dans la peau de Suzie. A ses côtés, nous retrouvons notamment Sabin Tambrea et Claudia Michelsen (tous deux vus dans la saga « Berlin 56/59/63« ) et David Schütter (« Barbares« ).

En résumé, « Dans un pays qui n’existe plus » délivre une histoire touchante dans l’est-berlinois bouillonnant des années 80, portée par un casting convaincant.

« Dans un pays qui n’existe plus« , disponible sur arte.tv.

Credit photos (c) Ziegler Film / Arte.

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