La Mission : excellent western de Paul Greengrass avec Tom Hanks, sur Netflix

Privé de sortie en salle pour les raisons que l’on connait, le western La Mission, signé Paul Greengrass, débarque tout naturellement sur Netflix. L’occasion de retrouver un Tom Hanks toujours aussi impeccable, accompagné de l’étonnante Helena Zengel, jeune révélation allemande.

La Mission nous transporte dans l’Amérique de 1870, à la sortie de la Guerre de Sécession. Le capitaine Kidd (Tom Hanks) sillonne le Texas de ville en ville pour y lire les nouvelles du monde (d’où le titre original, News of the World) à des habitants bien souvent illettrés et friands d’histoires en tout genre. Son chemin va croiser celui de Johanna (Helena Zengel), 10 ans, doublement orpheline. Enlevée par les indiens Kiowa à l’âge de 4 ans, elle fut élevée comme l’une des leurs, avant que ceux-ci ne soient également tués. L’Armée ne pouvant rien faire pour la petite fille, Kidd va se charger de la conduire chez un oncle et une tante qu’elle ne connait pas, à des centaines de kilomètres de là. La mission va s’avérer périlleuse, et un semblant de relation père-fille va peu à peu s’instaurer entre Kidd et Johanna.

De par son contenu et son époque, le film est évidemment classé dans la catégorie western. Les scènes propres au genre ne sont d’ailleurs pas très originales : les mauvaises rencontres, les lourdingues de saloon du coin, ou encore les imprévus climatiques ou mécaniques, sont tous au rendez-vous. Mais tout cela ne sert que de toile de fond à la relation entre Kidd et la jeune Johanna. Lui a un côté loup solitaire, veuf et désabusé. Elle, est rebelle et n’a connu que souffrance, ou presque. Et ces deux êtres fracassés par leur passé respectif vont peu à peu se trouver, malgré la barrière de la langue. La petite ne parle que le Kiowa, avec de vagues restes d’allemand d’une enfance déjà lointaine.

Inspiré du roman Des Nouvelles du Monde de Paulette Jiles, La Mission n’évite pas les comparaisons avec l’époque actuelle, de par les thèmes abordés. De l’importance de la presse au racisme, en passant par les affrontements entre Nordistes, Sudistes, Indiens et pionniers, difficile de ne pas voir un quelconque écho à l’Amérique d’aujourd’hui. Avec des films comme Bloody Sunday, Vol 93, Green Zone ou Un 22 juillet, Paul Greengrass a l’habitude de s’inspirer de faits réels. Avec La Mission, l’ensemble est amené de façon moins directe et plus subtile.

Helena Zengel
Helena Zengel, le 8 février 2019 à Berlin. (c) Gianfranco Zanin / Cinereflex

Et au-delà de l’histoire, il y a bien évidemment le duo phare du film. On passera sur le cas Tom Hanks, impeccable comme toujours, dans la peau d’un homme désabusé plein d’humanité. En revanche, la prestation délivrée par la jeune Helena Zengel mérite une fois de plus toute notre attention. Celle qui en 2019 crevait l’écran dans Benni, où elle incarnait une gamine délaissée par sa mère et incapable de contenir sa violence (rôle qui lui valu d’être récompensée du prix de la meilleure actrice aux Deutscher Filmpreis 2020), signe une fois de plus un sans faute impressionnant. Du haut de ses presque 13 ans, le jeune allemande a un avenir plus que prometteur dans la profession, en témoigne sa nomination pour le meilleur second rôle féminin aux Golden Globes à venir.

En résumé: porté par un duo remarquable, La Mission est un western somptueux signé Paul Greengrass que l’on aurait aimé voir sur grand écran. Heureusement pour nous, Netflix est là pour compenser.

La Mission, disponible sur Netflix depuis le 10 février.

Credit photos (c) Universal Pictures / Netflix.

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