Les Sept de Chicago : plongée politique fascinante dans l’Amérique des Sixties
Parmi les nouveautés de la semaine sur Netflix, les Sept de Chicago fait figure d’incontournable. Un casting 5 étoiles pour une plongée fascinante dans l’Amérique des sixties. Réalisé par Aaron Sorkin, le film narre l’invraisemblable procès de huit (et non sept comme dans le titre) activistes anti Vietnam, à la suite d’émeutes perpétrées à Chicago en 1968.
La décennie des années 60 est une charnière dans l’histoire des Etats-Unis, et du monde en général : du premier pas sur la lune en passant par la révolution sexuelle, culturelle, et sociétale, sans oublier les assassinats de JFK, de son frère Bobby, et de Martin Luther King. Et le point d’orgue de ces bouleversements en tout genre, reste bien évidemment la guerre du Vietnam. Le film s’ouvre d’ailleurs sur l’opposition des images d’archives, la guerre d’un côté, et les protestants de l’autre. Parmi ces derniers, une courte présentation nous introduit aux personnages clés du film, les fameux sept (ou huit) militants anti-guerre. Il y a là les mouvements de la jeunesse incarnés par un orateur hors-pair, Tom Hayden (Eddie Redmayne), les hippies représentés par Abbie Hoffman (Sacha Baron Cohen), ou encore les Black Panthers avec Bobby Seale (Yahya Abdul-Mateen II), le fameux huitième homme. Et tout ce petit monde entend bien crier son opposition à la guerre en manifestant lors de la convention démocrate qui se déroule cet été-là à Chicago. Malgré l’interdiction des autorités, des milliers de manifestants déferlent dans les rues, et l’affrontement entre les deux camps devient inéluctable.
Accusés d’avoir planifié sous forme de conspiration les émeutes, les huit accusés se retrouvent au tribunal pour un procès qui va durer cinq mois. Ils se connaissent à peine, le huitième homme n’a même jamais rencontré les sept autres, mais peu importe. La décision est politique, et la demande de poursuite émane directement du ministre de la justice. Avec un juge à l’attitude plus que partisane, le procès peut commencer, et le film également…
Et le résultat est tout simplement sublime. Sorkin évite tous les écueils où tant d’autres sont tombés avec ce genre de récit. En choisissant une narration non linéaire des événements, le film garde un rythme et une dynamique tout au long de sa durée. On commence par le procès, puis par des va et vient successifs, on découvre en flashback les faits tels qu’ils se sont déroulés. Exit également les grands discours ou les interminables procédures judiciaires. Le film reste focalisé sur l’essentiel, la confrontation entre deux Amériques. Celle du juge, où indépendance et séparation des pouvoirs ont fait long feu, et celle des accusés désireux de changer le monde, chacun à sa manière. Et le tout avec une petite dose d’humour sous-jacente jamais bien loin, notamment avec les deux accusés hippies.
En résumé, Les Sept de Chicago est une réussite totale. Malgré ses deux heures et 10 minutes de durée, le résultat est passionnant d’un bout à l’autre. Osons le dire, il y a clairement du Spielberg dans ce que Aaron Sorkin délivre là. Le film pourrait être signé du maître en personne, nous n’aurions pas vu la différence. A voir absolument.
Les Sept de Chicago, disponible sur Netflix.
Credit photos (c) Netflix.
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