Paris est à nous : atypique, déroutant, et un peu barbant…
Deux mois après la géniale série Plan Coeur (qui vient de recevoir la commande d’une deuxième saison), Paris est à nouveau au centre de nos salons, grâce à Paris est à nous dévoilé ce vendredi par Netflix. Un long-métrage plutôt atypique, aux accents expérimentaux, et qui au final risque d’en désorienter plus d’un.
L’idée de départ avait de quoi séduire, ou en tout cas retenir l’attention. Produire un film sur cette génération née à la fin des années 80 ou début 90s et de son époque tumultueuse, à bien des égards. Filmer avec les « moyens du bord » sans grosse artillerie, pendant plusieurs années, en laissant place à l’improvisation. Pourquoi pas ? Un côté « Nouvelle Vague » plutôt séduisant, une actrice (Noémie Schmidt) au charisme indéniable, et des événements tragiques et sociaux auxquels l’équipe a su répondre en les intégrant au montage final. Mais malheureusement, le résultat s’avère être assez déroutant.
Le point de départ du film est l’histoire d’amour compliquée entre Anna (Noémie Schmidt) et Greg (Grégoire Isvarine). Le couple n’a pas les mêmes ambitions, et Greg s’en va poursuivre les siennes à Barcelone. Lorsque l’avion qu’Anna aurait dû prendre pour le rejoindre s’écrase, la jeune femme va perdre pied et s’éloigner de la réalité. Cette mort évitée de justesse, la possibilité de disparaître dans l’instant, cette génération l’a ressenti en janvier et novembre 2015. Le tourbillon intérieur dans lequel Anna est entraînée, envoie le spectateur déambuler dans Paris avec elle. Des quais de Seine à l’Opéra, en passant par la République, on revit de l’intérieur les grands moments qui ont marqué ces quatre dernières années. Le Paris post-attentats bien évidemment, mais aussi le mouvement Nuit Debout, où encore même les obsèques de Johnny Hallyday et la marée humaine sur les Champs-Elysées.
Visuellement, le pari est plutôt bien réussi. Les plans et la photographie sont particulièrement bien soignés, et le résultat à l’écran est relativement superbe. Sur le fond, en revanche, Paris est à nous à vite fait de nous décevoir. Les dialogues (improvisés pour certains) flirtent un peu trop souvent avec une banalité déconcertante. Les répétitions de certaines scènes (on en compte plus les plans de baisers échangés entre les deux amoureux !) ont quant à elles, vite fait de lasser. Mais là où le film réalisé par Elizabeth Vogler échoue finalement le plus, c’est en ne remplissant pas la promesse de départ. Celle de faire un film sur le mal-être d’une génération, de son époque, et de ce monde hostile dans lequel elle doit pourtant se résoudre à évoluer.
Paris est à nous se voulait être une autre façon de faire du cinéma. L’intention de départ est plus que louable, et même réussie à certains égards. Malheureusement, les déambulations un peu trop répétitives d’Anna dans Paris risquent de laisser bon nombre de spectateurs médusés sur le bord du trottoir.
Paris est à nous, disponible sur Netflix depuis le 22 février.
Credit photos (c) Netflix.